On braque le canon !
Festival féministe artistique et littéraire
14-15 Oct / 11-12 Nov / 9-10 Déc
SEE Galerie, 238 rue Saint-Martin, 75003 Paris
A l’occasion de la parution de Hold-Up 21, Editions Anne Carrière, 06.10.2023
et de l’exposition d’Abigaïl Auperin, SEE Galerie, 12.10-31.12 2023
Nous, autrices de romans érotiques, journalistes, universitaires, travailleuses du sexe, poétesses, performeuses ou comédiennes, nous adressons, dans Hold-up 21, notre ambition féministe à la littérature érotique. Nous parlons de désir, non seulement parce que certaines d’entre nous en font un domaine d’expertise, mais parce qu’il nous semble que c’est de désir dont il faut parler aujourd’hui, qu’il est urgent de le faire. Chercher notre désir et l’écrire, nous pousse à détourner les stéréotypes, inventer des réparations pour nos blessures et retravailler les codes du récit. Le festival On braque le canon ! ouvre notre recherche à la réflexion et à l’imagination collectives.
Aïna Rahery
photographie ©Abigaïl Auperin
Après des khâgnes à Henri-IV où elle est formée à écrire sans expressivité indiscrète, elle intègre l’ENS de la rue d’Ulm en 2002, pour un cursus d’histoire sociale, puis des arts. En 2006, elle travaille avec Richard Peduzzi sur une exposition de scénographie à la Villa Médicis, et entame un doctorat portant sur la scène artistique franco-sénégalaise après l’indépendance. Elle co-organise en 2008, avec Émilie Bouvard, le séminaire « En marge », où dialoguent l’histoire de l’art en France et les études de genre et postcoloniales.
Elle commence à enseigner : d’abord en TD d’histoire de l’art à l’université Paris-I, puis l’écriture et la théorie des arts à l’Ecole Supérieure d’Art du Pays Basque jusqu’en 2015. Elle est curatrice d’une exposition mêlant écriture et dessin à l’ENS en 2010, interviewe Archie Shepp pour le CNRS en 2014 et visite régulièrement l’atelier d’Hervé Télémaque. Elle participe à des colloques, prend beaucoup le train, apprend à regarder. En 2017, elle découvre les photographies d’Abigaïl Auperin.
Elle écrit la nouvelle « A verser au dossier des dégradations » dans le recueil Hold-up 21 des Editions Anne Carrière qui paraît en 2023. Abigaïl Auperin la choisit comme curatrice des expositions issues du livre, notamment au Sinner et à la galerie SEE.
A cette occasion, elle programme « On braque le canon ! », festival féministe, littéraire et artistique.
Considère tout ce qu’elle fait comme de l’écriture.
Cherche la forme juste.
On braque le canon ! Vol. 2
Samedi 11 et dimanche 12 novembre 2023
Désir(s) féministe(s) et transformation sociale
Dans les nouvelles de Hold-up 21, l’expression du désir érotique rencontre le désir de faire advenir des réalités nouvelles. La théâtralité permet de comprendre, de mettre à distance et de retravailler ses émotions et ses représentations du monde dans les photographies d’Abigaïl Auperin ou la nouvelle de Clémence Longy ; l’écriture est réparation pour Nicole Mersey Ortega, Maïmouna Coulibaly ou moi-même ; les êtres désirés et aimés par les héroïnes d’Alice Groult, Anne Vassivière ou Virginie Bégaudeau transcendent les assignations de genre, tandis que la définition de la masculinité est discutée, mise à l’épreuve et refondue dans les nouvelles de Maïa Mazaurette, Manon Buselli ou Marilyn Mattei ; le travail du sexe se redécouvre, dans les nouvelles d’aXelle de Sade ou Alexandra Cismondi, comme une modalité professionnelle et relationnelle fondée sur la dignité.
Le samedi 11 novembre, Marie Mozziconacci, Pauline Picot, Raharimanana et Ketty Steward nous ont rejointes pour parler de réparation, avant que la performance Maïmouna Hot Pussy Show n’apporte un flamboyant exemple de réconciliation entre son corps et son désir.
Le dimanche 12 novembre, Joao Gabriel et Foxie Deux-Mille ont proposé de nouvelles perspectives sur les masculinités, et Françoise Gil, une relecture du travail du sexe à la lumière du concept de subversion sociale. Entre humanité et machines, la performance du groupe SYNCRASIE a clos cette journée de remise en cause de nos catégories mentales et annoncé le vol. 3 consacré au renouveau formel.
Samedi 11 novembre
Réparer le corps (social)
1ère rencontre
Le corps en scène, propositions symboliques et réparations réelles
« D’une fabrique d’aliénation à un outil de redéploiement du monde : une brève traversée de l’hypnose au prisme des rapports de genre »,
par Pauline Picot
« Cette intervention se propose, dans un premier temps, de retracer une brève histoire de l’hypnose au prisme des rapports de genre, afin de mettre en lumière la manière dont elle s’inscrit dans la culture misogyne du XIXe siècle français. Dans un second temps, elle explorera la manière dont la pratique thérapeutique de l’hypnose s’est réinventée aux XXe et XXIe en s’affranchissant de la question du genre, et contre son passif imaginaire d’emprise et de manipulation. Ce faisant, elle laisse aujourd’hui le champ libre à certain(e)s artistes – nous étudierons précisément le cas de la chorégraphe Catherine Contour – pour s’en emparer comme d’un outil de création questionnant le redéploiement de notre rapport au monde. »
Bibliographie indicative
Approche contemporaine de l’hypnose
BARRUCAND Dominique, Histoire de l’hypnose en France, Paris, PUF, 1967.
BELHOSTE Bruno et EDELMAN Nicole (dir.), Mesmer et mesmérismes : le magnétisme animal en contexte, Montreuil, Omniscience, 2015.
BOUGNOUX Daniel (dir.), La suggestion : hypnose, influence, transe, Paris, Delagrange, 1991.
CARROY Jacqueline
Hypnose, suggestion et psychologie. L’invention de sujets, Paris, PUF, 1991.
Les personnalités doubles et multiples. Entre science et fiction, Paris, PUF, 1993.
CHERTOK Léon et DE SAUSSURE Raymond, Naissance du psychanalyste. De Mesmer à Freud, Paris, Payot, 1973.
EDELMAN Nicole, Voyantes, guérisseuses et visionnaires en France – 1785-1914, Paris, Albin Michel, 1995.
ELLENBERGER Henri, Histoire de la découverte de l’inconscient, Fayard, 2006.
MÉHEUST Bertrand, Somnambulisme et médiumnité, I, Le défi du magnétisme [1999], Paris, La Découverte, 2014.
MELCHIOR Thierry, Créer le réel. Hypnose et thérapie, Paris, Le Seuil, coll. « Couleurpsy », 1998.
ROUSTANG François, Qu’est-ce que l’hypnose ? Paris, Éditions de Minuit, 2003.
STENGERS Isabelle, L’Hypnose entre magie et science, Paris, Les Empêcheurs de tourner en rond, 2002.
Hypnose et esthétique
CLAIR Jean, (dir.), L’Âme au corps. Arts et sciences (1793-1993), Paris, Réunion des musées nationaux, Gallimard, 1993.
CONTOUR Catherine (), Une plongée avec Catherine Contour – Créer avec l’outil hypnotique, Paris, Naïca, 2017.
CONTOUR Catherine et ROUSSEAU PASCAL, Danser sa vie avec l’outil hypnotique, Cognac, 369 Éditions, 2019.
DIDI-HUBERMAN Georges, Invention de l’hystérie. Charcot et l’iconographie photographique de la Salpêtrière, Paris, Macula, 1994.
EIDENBEZ Céline, « Danses Symptomatiques : De Magdeleine G. à Catherine Contour » in À la Rencontre de la Danse Contemporaine, Porosités et Résistances, sous la direction de Paule Gioffredi, Paris, L’Harmattan, 2009.
LOSCO-LENA Mireille,
« L’hypnotique, une catégorie esthétique pour le théâtre ? », communication prononcée à l’occasion du colloque « États altérés » : corps, conscience, esthétique organisé les 1er et 2 juin 2018 à Paris par la Sorbonne et l’INHA. Inédit.
« Une leçon clinique à la Salpêtrière, 1887 : trois conceptions de la mise en scène théâtrale », Lebenswelt, n°3, 2003.
MAGNIN Émile, L’art et l’Hypnose : Interprétation plastique d’œuvres littéraires et musicales, Genève, Editions Atar, 1907.
ROUSSEAU Pascal, Art et hypnotisme de Mesmer à nos jours, Paris/Nantes, Éditions des Beaux-Arts de Paris et Musée d’arts de Nantes, 2020.
SOURIAU Paul, La Suggestion dans l’Art, Paris, Alcan, 1893.
Pauline Picot est docteure en Études Théâtrales. Son champ de recherche porte sur l’imaginaire du fluide (magnétisme, électricité, spiritisme) dans le théâtre français du XIXe siècle. Il déploie des questionnements défrichés à l’occasion de son Master 2 effectué à l’ENS de Lyon, dont le mémoire portait sur les échos entre le théâtre et l’hypnose au XIXe siècle. Elle est intervenante à l’ENSATT Lyon en dramaturgie depuis 2018, et contributrice permanente à la revue Synapsis publiée par le département d’Humanités Médicales de l’Université de Columbia (New York). Pauline Picot est également autrice ; les éditions Quartett publient ses textes théâtraux depuis 2012. Sa dernière pièce publiée, Votre âme sœur est peut-être dans cette forêt (2022), est mise en voix au Théâtre du Rond-Point en février 2023. Sa dernière pièce en écriture, Je pourrais compter tous mes os, est lauréate du festival Texte En Cours qui aura lieu à Montpellier du 22 au 25 novembre 2023.
« Le Tromba, réparation du sens et restauration des liens »,
par Raharimanana
« Le Tromba est une cérémonie que l’on ne convoque qu’en temps de crise, crise collective ou crise personnelle, et seulement lorsque les moyens de guérison classique ont échoué. Porté le plus souvent par les femmes, il fait appel aux voix des ancêtres et des esprits liés à la nature. L’esprit possède le vivant, et sa parole, incontestable, guérit. Aujourd’hui, le poète porte le Tromba, lui-même survenant par la psalmodie. La voix devient chant, le chant redevient voix. La langue devient étrangère et provoque une autre perception de la parole, une résonance lointaine, enfouie en nous, en lien avec la Nature, en lien avec la Terre. L’étrangeté amène à l’interrogation du sens et de soi. La beauté de la voix et de la musique effacent la grammaire des langues particulières et nous baigne dans d’autres images et conceptions différentes. »
Romancier, essayiste et poète, Raharimanana est également auteur de pièces de théâtre, de contes musicaux et metteur en scène. Editeur, il codirige les éditions Project’îles avec le poète Nassuf Djailani. Il est lauréat du Prix Jacques Lacarrière, 2018, pour son roman Revenir, éd.Payot/Rivages. Il fonde en 2014 la compagnie de théâtre SoaZara. Il a récemment créé l’installation La Voix, le Loin, 100 poèmes qui entremêle la poésie, la photographie, la vidéo, la sculpture et la musique (Musée de Bibracte, Centre d’Art et du Paysage de Vassivière 2021, Médiathèque de Bandrélé, 2022). Il a co-écrit le film « L’île rouge » de Robin Campillo, 2023 (Grand Prix du Festival de Cannes en 2017). Depuis 2004 jusqu’à aujourd’hui, il parraine et codirige le Festival Plumes d’Afrique (Indre et Loire, France) proposant spectacles, débats, conférences, expositions, concerts, cinéma, et projets scolaires autour des expressions littéraires et artistiques d’Afrique francophone.
Expériences, rites et sacrifices
table-ronde avec Abigaïl Auperin et Clémence Longy
Sacrifice ou thérapie, distance technique ou proximité à soi, transe ou catharsis, la discussion et les questions du public révèlent l’insuffisance des oppositions binaires et laissent entrevoir un enchevêtrement qui répond à la complexité du réel.
Voici le retour de l’une des intervenantes de la rencontre suivante, Marie Mozziconacci :
« J’ai été tout particulièrement intéressée par les interventions de Clémence Longy et sa vision de son art. J’ai vu beaucoup de parallèles entre sa vision de l’acteur comme catalyseur d’une émotion, depuis le texte vers le public, et le psychologue qui, entre autres, accompagne le patient vers une meilleure connaissance et compréhension de ses affects profonds, au travers de ses propres mots. Elle a également parlé de l’ouverture de chemins de pensées différents, dans son propre processus de jeu. Ce n’est pas exactement ainsi que je définirais ce qu’il se passe pour le psychothérapeute, en revanche, ce serait une excellente définition de l’objectif d’une psychothérapie.
Enfin, elle a également évoqué l’aspect sacrificiel de son art, ce qui fait également écho à notre pratique. Au-delà du fait qu’il y a souvent derrière le choix de notre métier, des schémas sacrificiel qu’il s’agirait plutôt pour nous de mettre à jour et dépasser, il y a également l’idée que nous sommes notre propre outil de travail, que nous mettons notre personne au service du patient, comme surface de projection, objet de transfert, et c’est entre autres cela qui permet le processus thérapeutique. Je retrouve cette notion qu’elle évoquait de « perdre » un petit quelque chose de nous lors de ce processus.
Cela fait aussi le lien avec les pratiques traditionnelles relatées par Jean-Luc Raharimanana. Cela m’a rappelé la comparaison faite par Levi-Strauss entre le chaman et le psychanalyste, même si le dispositif est opposé, les deux passent par l’utilisation de symboles (la musique, la danse, l’art pour l’un, et les mots pour l’autre).
Sans évidemment mettre sur le même plan le psychologue et le chaman, je crois qu’il y a tout de même des points communs à l’aune de la fonction que chacun revêt dans la société. »
Abigaïl Auperin est photographe. Elle se forme aux techniques de l’image numérique, d’abord seule, en autodidacte, puis comme assistante de jeunes artistes à Paris et à l’ENSBA de Lyon. Elle collabore notamment à l’installation lauréate du prix Linossier 2015. Elle suit en parallèle les cours de l’Ecole du Louvre comme auditrice libre. Dès ses premières photographies en 2016, elle pétrifie des figures tirées du cinéma, de la littérature, de la publicité ou de l’histoire de l’art dans des compositions spectrales.
En 2021, les Editions Anne Carrière lui proposent de répondre plastiquement à l’imaginaire érotique de vingt autrices venues du théâtre, du journalisme et de la littérature. De cette proposition naissent un ouvrage collectif, Hold-up 21, paru en octobre 2023, ainsi qu’une exposition à la galerie SEE Marais.
https://www.abigailauperin.com/
Après une formation théâtrale au cours Florent et un master de Lettres Modernes à la Sorbonne, Clémence Longy intègre la 73e promotion de l’ENSATT dans la section acteurs, où elle travaille notamment avec Carole Thibaut, Philippe Delaigue et Jean-Pierre Vincent. À sa sortie de l’école, elle travaille entre autres avec Bernard Sobel, Michel Toman, et Christian Schiaretti, et participe à la création de la compagnie les Non Alignés, en Rhône-Alpes. Dernièrement, elle a mis en scène Clara Simpson dans Kitchen Blues de Jean-Pierre Siméon, a écrit le spectacle NEVERMORE, et interprète seule en scène Tudor toute seule, d’après Victor Hugo. Elle rejoint également la compagnie du Marcheur pour le spectacle Quatre lais de Marie de France, et le Théâtre en Pierres Dorées, dont elle a mis en scène le dernier spectacle, Artémis. Elle collabore régulièrement avec Maryse Estier, pour qui elle a joué L’Aiglon d’Edmond Rostand, et en ce moment, Élisabeth dans Marie Stuart, de Schiller.
Pour Hold-up 21, aux Editions Anne Carrière, elle écrit la nouvelle « Le nom des bêtes ».
2ème rencontre
Désir et processus de réparation
« Quelle place pour la notion de désir dans la psychothérapie des traumatismes ? »
par Marie Mozziconacci
« Notre intervention questionne la place du désir dans la reconstruction après un psychotraumatisme, du point de vue du psychothérapeute.
A travers une approche phénoménologique et scientifique du psychotraumatisme, nous tenterons de clarifier ce que le celui-ci produit à la fois sur le corps et sur le psychisme, et comment il résonne avec les notions de désir et de plaisir.
Nous aborderons ensuite les spécificités du travail thérapeutique autours du traumatisme, en interrogeant le rapport du psychothérapeute à la question du désir.
Enfin, nous évoquerons ce que les approches en psychothérapies féministes ont apporté à la connaissance du psychotraumatisme et à son traitement. »
Réferences à venir
Après des études en histoire militaire, Marie Mozziconacci s’engage comme officier et sert dix ans au sein du service de santé des armées. Elle se réoriente rapidement vers la psychologie, en se spécialisant dans l’accompagnement des victimes, en particulier de violences sexistes et sexuelles. Revenue à la vie civile, elle rejoint le Centre du Psychotrauma de l’Institut de Victimologie en 2022, et exerce également en libéral.
(Science-)fiction réparatrice
par Ketty Steward
« Avec la littérature de science-fiction, tout est possible, mais ce potentiel créatif est globalement confisqué par quelques-uns : ceux qui définissent le genre, le produisent et le figent dans un imaginaire fossilisé. Il est pourtant envisageable de réparer la science-fiction et nous avec elle. »
Née en 1976 à la Martinique, Ketty Steward écrit de la poésie, des récits fantastiques, autobiographiques et de science-fiction. Elle préside depuis 2019 le Réseau Université de la Pluralité, association internationale qui s’intéresse aux imaginaires alternatifs du futur. Elle est l’autrice d’une soixantaine de nouvelles, une fiction radiophonique, Eugénie Grandit, écrite pour France Culture et plusieurs ouvrages : Connexions Interrompues (2011), Noir sur Blanc (2012), Confessions d’une séancière (2018), Deux Saisons en enfer (2020), L’Évangile selon Myriam (2021, prix Rosny aîné 2022). Son essai Le Futur au pluriel : réparer la science-fiction vient de paraître aux éditions L’Inframonde.
« Ce qui nous sauve »,
table-ronde avec Maïmouna Coulibaly et Nicole Mersey Ortega
Il n’y a pas de solution miracle, mais parler librement de ce qu’est le trauma est déjà un premier pas.
Maïmouna Coulibaly est née à Paris. Elle a grandi à Grigny, en banlieue parisienne, et vit désormais à Berlin. Elle est l’autrice du livre JE ME RELÈVE, aux éditions Anne Carrière. Maïmouna a étudié le théâtre dans une université française et est progressivement devenue professeur de danse (danse urbaine africaine), metteuse en scène, comédienne et chorégraphe, évoquant le pouvoir et l’émancipation des femmes. Elle conceptualise également la Booty Therapy qui se développe actuellement dans plusieurs pays. Maïmouna est également TEDx speaker avec la conférence « Le corps des femmes est un objet politique ».
Pour Hold-up 21, aux Editions Anne Carrière, elle écrit la nouvelle « De voyage ».
Nicole Mersey Ortega est une comédienne, performeuse, écrivaine et metteuse en scène Chilienne. Au théâtre, elle a travaillé avec Sylvie Mongin-algain, Matthias Langhoff, Bruno Boëglin, Richard Brünel, Gwenaël Morin, Valerie Marinese, Marion Aeschlimann, Éric Massé, Angélique Clairand, Nicolas Ramon, Chloe Bégout… En performance avec Pierre Huyghe, Yves-Noël Genod, La compagnie du Zerep, Marco Berrettini. Elle joue dans les films d’art de Liv Schulman. Elle co-fonde la compagnie « Naturtranë » où elle écrit et collabore avec, Blandine Pinon, Patricia Artes, Marion Aeschlimann dans « Naturtrane », « Vienen de Chile un país pequeño», « The Future is Female », « Mortel »,« Drama ». Elle écrit régulièrement pour la maison d’éditions féministes et pro-sexe YOUPRON.
Pour Hold-up 21, aux Editions Anne Carrière, elle écrit la nouvelle « Mujeres Arañas », adapté au théâtre par Alexandra Cismondi.
Carte blanche à Maïmouna Coulibaly
Pour sa carte blanche, Maïmouna Coulibaly nous offre une forme brève issue de son spectacle Maïmouna Hot Pussy Show.
Dimanche 12 novembre
Créer des réels désirables
1ère rencontre
Le corps en scène, propositions symboliques et réparations réelles
« Masculinités et luttes sociales »,
par Joao GABRIEL
Être une femme écrivaine ou une femme artiste, c’est d’abord être perçue comme une femme, avec les tares sociales qui sont assignées à ce statut, avant d’être perçue comme une écrivaine ou une artiste. C’est donc se trouver confinée dans un imaginaire qui vous considère comme inapte ou illégitime, et vous fait subir les effets du plafond de verre, des stéréotypes ou des impératifs de performance plus durement qu’à vos homologues masculins.
« Cette présentation a pour but de réfléchir à la condition masculine contemporaine, en prenant en compte la différence des enjeux qui se posent pour les hommes en fonction de leur condition sociale. Il s’agira de proposer des pistes de réflexions et d’action qui permettent de sortir de l’impasse entre les courants et mouvements politiques androcentrés voire masculinistes d’un côté, et de l’autre, les approches qui se focalisent sur un ensemble de « comportements problématiques » masculins et échouent à penser la condition masculine dans les rapports sociaux. »
Références utiles
Yasmine Siblot, Marie Cartier, Isabelle Coutant, Olivier Masclet, Nicolas Renahy, Sociologie des classes populaires contemporaines, Paris, Armand Colin, coll. « U Sociologie », 2015, 363 p.
Cases Rebelles, série « Masculinités noires X Fragments »
https://www.cases-rebelles.org/masculinites-noires-x-fragments-s1e1-yves/
Le Parisien, « Féminicides : français, d’âge moyen, inactif… le profil type du meurtrier », avril 2023
https://www.leparisien.fr/faits-divers/feminicides-francais-dage-moyen-inactif-le-profil-type-du-meurtrier-07-04-2023-X4BIDNOEIJGBNDST3A6T2GWKSQ.php
Questions de genre et de sexualité sur « le Blog de Joao »
https://joaogabriell.com/category/dossiers/racialisation-des-questions-de-genre-et-sexualite/
« Masculinité, mon cul »,
par Foxie Deux Mille
« Frottements, caresses et éraflures — les masculinités à l’épreuve des cultures camp, glam, interlopes, travesties. »
Références utiles
FHAR, Rapport contre la normalité, 1971, Réédité aux Editions Gay Kitsch Camp en 2013, téléchargeable en pdf : https://juralib.noblogs.org/files/2013/05/FHAR.pdf
Carl Wittman, Un manifeste gay, 1969, réédition et traduction par les Editions du Commun, 2023.
Melissa M. Wilcox, Queer Nuns, Religion, activism and serious parody, New York University Press, 2018.
Stuart Timmons, The Trouble With Harry Hay: Founder of the Modern Gay Movement, Alyson Publications Inc, 1991.
Javier Sáez et Sejo Carrascosa, Enculé ! Politiques Anales, Editions les Grillages, 2021.
Larry Mitchel et Nad Asta, Les Pédales et leurs Ami.e.s entre les Révolutions, 1977, Réédition et traduction : Les Grillages, 2023.
Collectif, Pédés, coordonné par F. Manelli, Editions Points, 2023.
Apolline Bazin, Drag, Un art queer qui agite le monde, Edition E/P/A, 2023.
Zoé Redondo & Martin Py, L’Homme Pénétré, Repenser notre intimité, Editions La Boite à Bulles, 2023.
Qui sème le vent récolte la tapette, Une histoire des Groupes de libération homosexuels en France de 1974 à 1979, Anonyme, Editions Tahin Party, 2018. Téléchargeable en pdf : https://tahin-party.org/textes/GLH.pdf
Mathias Chaillot, 4% – en théorie…, Goutte d’Or Editions, 2023.
Jean-Yves Le Talec, Folles de France – Repenser l’homosexualité masculine, La Découverte, 2008
https://www.lessoeurs.org/
Table-ronde avec Manon Buselli et Maïa Mazaurette
Après de nombreuses années passées à diriger le pôle Communication de la Direction des Contenus Audiovisuels d’Orange, Manon Buselli est aujourd’hui éditrice en charge du développement des catalogues fiction et non fiction aux éditions Anne Carrière.
Pour Hold-up 21, aux Editions Anne Carrière, elle écrit la nouvelle « La fugue ».
Maïa Mazaurette est spécialiste des questions de genre et de sexualité depuis vingt ans. Elle est aujourd’hui animatrice-productrice de l’émission Jusqu’ici Tout Va Bien sur France Inter (tous les jours de 17h à 18h), tout en restant la chroniqueuse genre & sexo attitrée du Monde et de l’émission Quotidien sur TMC. En parallèle, elle a publié tout un tas de nouvelles, romans (Dehors les Chiens, Rien ne nous survivra), bandes dessinées (Péchés mignons, Sale Bête) et essais (La revanche du clitoris, Sortir du Trou). Elle travaille depuis 2018 avec Barbara Polla sur ses projets de peinture érotiques, dédiés exclusivement au corps masculin.
Pour Hold-up 21, aux Editions Anne Carrière, elle écrit la nouvelle « Vingt-et-un ».
2ème rencontre
Quelles représentations esthétiques et sociales du travail du sexe ?
« Sexe et transgression : le travail du sexe »,
par Françoise Gil
« La prostitution est un des sujets les plus propices aux fantasmes et parmi les plus méconnus qui soient. Historiquement chargée de stéréotypes négatifs, réducteurs et infamants, elle est particulièrement sujette à l’opprobre, voire à la condamnation pure et simple.
Tantôt considérée comme un « mal nécessaire », pour reprendre la formule de Saint Augustin, tantôt célébrée par les écrivains et les peintres, la prostitution est perçue selon un prisme diffracté. Mais, force est de constater qu’au-delà des perceptions courantes, elle a été et est toujours instrumentalisée à des fins idéologiques, morales et économiques.
Dans les discours, le grossier amalgame qui consiste à assimiler toute personne en exercice à une victime ne résiste pas à l’analyse. La population prostitutionnelle est extrêmement hétéroclite, tous les âges sont représentés, tout comme les genres, les nationalités, les origines sociales et les conditions de vie. À côté des personnes contraintes par réseaux et filières, d’autres sont libres et revendiquent leur choix et le statut de métier, d’autres encore, quoique libres, sont contraintes d’exercer pour diverses raisons, dont la plus récurrente est la précarité sociale. »
Références utiles
« La prostitution entre débats et lois« , Le sociographe N° 59, 2017.
« La prostituée, une invention sociale », Sociétés N° 99, 2008.
« De la prostitution », Gradhiva, N° 33, 2003.
« Pénaliser le client n’arrangera strictement rien », Chat Le Monde, 31/10/2005.
Interview Atlantico, 29/11/2013;
« Prostitution : le modèle suédois démystifié », L’Opinion, 26/11/2013
Françoise Gil : Je travaille depuis les années 1990 sur les questions de sexualité et de genre. D’abord sur la prévention du VIH auprès d’homosexuels masculins avec Michaël Pollak, dans le programme européen « Assessing Aids Prevention« , puis auprès de personnes bisexuelles. Affiliée au LAS (Laboratoire d’Anthropologie Sociale), le travail de terrain sur la prostitution de rue à Paris a été mené de 2002 à 2005. En 2015, j’ai coordonné une recherche sur les femmes transgenres, originaires d’Amérique Latine avec l’association Acceptess-T (Actions Concrètes Conciliants : Education, Prévention, Travail, Équité, Santé et Sport pour les personnes transgenres). Je travaille aujourd’hui sur la question des transidentités. J’ai été membre plusieurs années du CA du Bus des Femmes et suis devenue présidente de l’association de 2017 à 2020. Parallèlement, j’ai enseigné la sociologie pendant 20 ans dans trois écoles de travail social : l’IRTS (Institut Régional de Travail Social), Buc-Ressources et l’EFPP (Ecole de formation pychopédagogique).
Table-ronde avec Romy Alizée et aXelle de Sade
Romy Alizée est une artiste photographe, performeuse, actrice et réalisatrice. Autodidacte, elle s’empare très vite du médium photographique pour raconter une histoire subjective de l’émancipation, du désir et de l’identité lesbienne. Elle travaille actuellement sur un documentaire radio consacré au travail du sexe, et prépare une nouvelle série photo sur la montagne érotisée.
Pour Hold-up 21, aux Editions Anne Carrière, elle écrit la nouvelle « Si y a du vertige, y a de l’amour ».
On m’appelle Marie de l’Erosticratie, mais aussi l’Albatrice ou encore aXelle de Sade. Dominatrice professionnelle depuis 2014, j’ai été consacrée SM Queen par le magazine Les Inrocks à l’été 2021. Je suis surtout une artiste protéiforme, créatrice d’inattendu qui sévit dans le domaine des sexualités créatives. Afin de réhabiliter les pratiques sexuelles alternatives, j’ai co-fondé en 2012, l’Erosticratie, une association militante qui vise à ouvrir le dialogue sur l’intime par le vecteur de l’art. En 2014, l’Erosphère est le premier festival sexe-positif en France (déclinaison du festival européen Xplore de Félix Ruckert). En 2017, j’ai créé le SubSpace, des jeux de rôles grandeur nature pour adultes dans des univers fantasmés. Certains évènements ont fait l’objet d’une captation et ces films sont désormais diffusés dans des festivals internationaux. J’ai eu le privilège de collaborer avec de nombreux_ses artistes dans leur production artistique : DOA pour le roman Lykaia, Fabien Velhmann pour la BD Circé, Annissa Bonnefont (en tant que conseillère technique) pour le film La maison. Membre du STRASS, le syndicat du travail sexuel, j’ai mis en place en 2017 une mutuelle pour les professionnels du sexe en partenariat avec la PMIF, toujours active aujourd’hui. Dernier projet et pas des moindres, en 2021, j’ouvre la 1ère école de BDSM en France, l’Ecole des Arts Sadiens. Aujourd’hui, nous sommes 3 à administrer une école qui offre des cours 2 fois par semaine, grâce à une équipe de 13 professeurs.
Pour Hold-up 21, aux Editions Anne Carrière, elle écrit la nouvelle « Le marché aux putains a retrouvé son lustre d’antan ».
https://www.axelledesade.com https://www.erosticratie.fr/erosphere https://www.artsadiens.com
On braque le canon ! Vol. 1
Samedi 14 et dimanche 15 octobre 2023
D’objet désirable à sujet désirant, état des lieux d’un contexte de création
Être une femme écrivaine ou une femme artiste, c’est d’abord être perçue comme une femme, avec les tares sociales qui sont assignées à ce statut, avant d’être perçue comme une écrivaine ou une artiste. C’est donc se trouver confinée dans un imaginaire qui vous considère comme inapte ou illégitime, et vous fait subir les effets du plafond de verre, des stéréotypes ou des impératifs de performance plus durement qu’à vos homologues masculins.
Ce premier week-end de réflexion esquisse un état des lieux du contexte intellectuel et social qui entoure et entrave la création des femmes, ainsi que des propositions féministes pour y remédier. A la fois panorama critique et partage d’expériences vécues, il est le socle sur lequel construire nos échanges des deux week-ends suivants.
Programmation, médiation et appareil critique : Aïna Rahery Image : François Rivière. Son : Alexandre Berger. Production : Clément Dupeux
Samedi 14 octobre – Conférence inaugurale
Jalons pour une histoire des désirs féministes
A travers les interventions de Martine Reid, Cornelia Möser et Fabienne Dumont, la conférence inaugurale du samedi 14 octobre 2023 offre une mise en perspective historique de la manière dont littérature érotique, féminisme et image s’articulent depuis la fin du XVIIIe siècle en France.
Introduction générale,
par Aïna Rahery
L’idée de ce festival m’est venue en écrivant ma nouvelle pour Hold-up 21, en lisant celles de mes co-autrices et en regardant les photographies d’Abigaïl Auperin. Ce matériau riche m’a donné envie d’un partage multiforme et sensible, où le mot de dialogue reprenne son étymologie et l’impureté sa noblesse.
« Petite histoire des rapports entre écrivaines et érotisme », par Martine Reid
« Ecrire est une forme d’action, mais on se tromperait beaucoup en pensant que dès qu’une femme écrit, elle adopte une position de proto-féministe ou de féministe » : contre toute attente, les idées féministes ou l’identification au féminisme, ont été longtemps rejetées par les écrivaines françaises ; Martine Reid revient sur l’histoire de ce désamour à travers les figures de Rachilde et de Colette. Elle propose ensuite un parcours historique dans l’écriture féminine de l’érotisme à partir du XVIIIe siècle, en commençant par le cas des « pseudo- mémoires » intimes, censés être écrits par des femmes et en réalité écrits par des hommes… sauf deux.
Principales références citées
FELICITE DE CHOISEUL-MEUSE, Julie ou J’ai sauvé ma rose. 1807; consultable ici: Lien. COLETTE, Mitsou ou comment l’esprit vient aux filles, Fayard, 1919. SUZANNE GIROUD DE MORENCY, Illyrine ou l’écueil de l’inexpérience,Rainville,1798-1799;consultable ici: Lien. RACHILDE, Monsieur Vénus, Félix Brossier, 1889
Martine Reid est professeure émérite à l’université de Lille. Spécialiste de littérature française du XIXe siècle, elle a essentiellement travaillé sur les femmes auteurs. Elle a publié plusieurs ouvrages critiques, réédité de nombreux ouvrages de femmes, notamment dans la série « Femmes de lettres » qu’elle a créée en « Folio 2 euros », et dirigé d’importants ouvrages collectifs, dont Femmes et littérature. Une histoire culturelle (Paris, Gallimard, « Folio essais », 2020, 2 vol.). Son essai sur Colette – Colette avant Colette. Trouver sa place, se faire un nom – paraîtra chez Gallimard le 9 novembre 2023.
« Traversée dans les débats féministes et queers sur la sexualité », par Cornelia Möser
« Les féministes ne parlent jamais de la même chose lorsqu’elles parlent de sexualité. » Préoccupée par la récupération d’une définition figée du féminisme par l’extrême-droite après le 11 septembre 2001, Cornelia Möser explore, à travers le thème de la sexualité, la diversité et les désaccords des féminismes en France, aux Etats-Unis et en Allemagne, ainsi que des mouvements LGBTQ. Elle met ainsi en lumière trois débats emblématiques : le Tuntenstreit ou « dispute des folles » déclenchée par la rencontre, en 1973, de trois mouvements homosexuels, la HAW de Berlin, le FHAR français et le Fuori ! italien ; le débat autour du lesbianisme politique à partir de 1972 ; enfin les sex wars féministes au début des années 1980.
Principales références citées
CHRISTINE DELPHY, L’ennemi principal, Syllepse, 1998. ELFRIEDE JELINEK, Lust, Ed. Jacqueline Chambon pour la version française, 1991. GAYLE RUBIN, « Penser le sexe : Pour une théorie radicale de la politique de la sexualité », article publié dans Surveiller et jouir : Anthropologie politique du sexe, textes rassemblés et édités par Rostom Mesli, EPEL, 2010 (traduit de l’anglais par Flora Bolter). KATE MILLET, La Politique du Mâle, Ed. Des Femmes, 2007 (traduit de l’anglais par Elisabeth Gilles). MONIQUE WITTIG, « La pensée straight », Questions féministes n°7, février 1980.
Cornelia Möser est chargée de recherche au CNRS et directrice du groupe de travail Genre, Travail, Mobilités au sein du Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris. En 2022 elle a publié Libérations sexuelles. Une histoire des pensées féministes et queer sur la sexualité aux Editions de la Découverte, ce qui est une version adaptée de son mémoire d’habilitation à diriger des recherches. Elle est par ailleurs chercheuse associée au Centre Marc Bloch à Berlin. Ses recherches portent par ailleurs sur les théories et critiques queer/féministes de l’Etat et sur les politiques sexuelles paradoxales de l’extrême droite. Elle est actuellement en train de réaliser des recherches aux Etats-Unis pour un nouveau projet portant sur l’écoféminisme comme théorie voyageuse.
Après avoir donné les chiffres concrets du plafond de verre auquel se heurtent les femmes artistes, majoritaires dans les écoles supérieures d’art et minoritaires sur la scène de l’art contemporain, Fabienne Dumont examine les différents positionnements esthétiques et politiques des plasticiennes féministes depuis les années 1970. Elle distingue ainsi trois périodes : la période féministe des années 1970, qui revendique une identité de femme ; la déconstruction des années 1980 qui refuse cette catégorie ; l’ouverture queer des années 1990 – 2000 caractérisée par la multiplication des référents identitaires et l’hybridation.
Références utiles
JUDY CHICAGO, The Dinner Party (le dîner), installation, 1974-1979, New York Brooklyn Museum ; consultable ici , avec des détails ici . On pense ici au film de Laura Poitras, Toute la beauté et le sang versé (2022), sur le travail accompli, par Nan Goldin notamment, pour mettre en lumière la responsabilité des entreprises Sackler dans la crise des opioïdes. JENNY HOLZER, Série Laments (1988-90) à consulter ici / Site de l’artiste ANNETTE MESSAGER sur les sites du LaM et du Centre Pompidou. LEA LUBLIN, performances et textes Site de l’artiste . CATHERINE OPIE Page de l’artiste sur le site de la galerie Regen Projects . NIKI DE SAINT PHALLE Site de l’artiste . NIKI DE SAINT PHALLE Site de l’artiste . SYLVIA SLEIGH, le Bain Turc, huile sur toile, 1976 Site de l’artiste . NIL YALTER Site de l’artiste
Textes
LISA GAIL COLLINS, Stitching Love and Loss: A Gee’s Bend Quilt, University of Washington Press, 2023. MARIA DE CORRAL, ROSA MARTINEZ, « Le génie perpétuel », commissariat de la 51 eBiennale de Venise, 2005 ;
archives à consulter ici et leur entretien avec Paul Ardenne ici . JACK HALBERSTAM 2005, In a Queer Time and Place, New York University Press 2015, « Tu me fais violence ! » La rhétorique néolibérale de la blessure, du danger et du traumatisme, Vacarme, 72, 28-41 : lien LISA FARRINGTON, Creating Their Own Image: the History of African-American Women Artists, New York: Oxford University, 2005. DER KUNSTKOMPASS : grille de cotation annuelle des artistes, selon des critères établis par le critique d’art Willi Bongard en 1970. LUCY R. LIPPARD, « Un changement radical : la contribution du féminisme à l’art des années 1970 » (1980), publié par Fabienne Dumont dans La rébellion du Deuxième Sexe, Les Presses du Réel, 2011. LAURA MULVEY, « Plaisir visuel et cinéma narratif », traduction française publiée dans CinémAction n o67, 1993. LINDA NOCHLIN, « Pourquoi n’y a-t-il pas eu de grandes artistes femmes ? », publié dans l’anthologie Femmes, art et pouvoir et autres essais, Ed. Jacqueline Chambon, 1993 (traduit de l’anglais par Oristelle Bonis). GRISELDA POLLOCK ET ROZSIKA PARKER, Old Mistresses; Women, Art and Ideology, London Routledge & Kegan, 1981. Pour une introduction en français au travail de Griselda Pollock, voir JACQUELINE LICHTENSTEIN ET GRISELDA POLLOCK, « Griselda Pollock : Féminisme et histoire de l’art », Perspective, 4 | 2007, 568-584, à consulter ici
Fabienne Dumont est historienne de l’art, critique d’art et maîtresse de conférences HDR en art contemporain à l’Université de Rennes 2, spécialiste des questions féministes, de genre et queer articulées à une perspective culturelle, sociale et politique. Sa thèse est devenue un livre, Des sorcières comme les autres – Artistes et féministes dans la France des années 1970 (Rennes, PUR, 2014). Elle a édité l’anthologie La rébellion du Deuxième Sexe – L’histoire de l’art au crible des théories féministes anglo-américaines (1970-2000) (Dijon, Les presses du réel, 2011) et codirigé deux projets collectifs, L’histoire n’est pas donnée – Art contemporain et postcolonialité en France (Rennes, PUR, 2016) et À l’Ouest toute ! Travailleuses de Bretagne et d’ailleurs (Dijon, Les presses du réel, 2017). En 2019, elle était co-commissaire avec Frank Lamy de la rétrospective de Nil Yalter au MAC VAL et a fait paraître un essai monographique Nil Yalter – A la confluence des mémoires migrantes, féministes, ouvrières et des mythologies (Vitry-sur-Seine, MAC VAL) et Nil Yalter – Entretien avec Fabienne Dumont (Pris, Manuella Editions/Aware). En 2022, elle a dirigé un livre de regards d’artistes sur Alice Neel (New York, ER Publishing).
Martine Reid, Cornelia Möser et Fabienne Dumont répondent aux questions du public concernant notamment le non-féminisme de certaines femmes artistes, les courants féministes minoritaires, ou le lien entre appartenance à tel type de courant féministe et appartenance à tel type de courant esthétique.
N.B. Précision de Martine Reid : le titre de l’œuvre japonaise du XIe siècle que l’on attribue à une femme écrivaine, MURASAKI SHIKIBU, à destination d’un public de lectrices, se prononce en fait Le Dit du Genji.
Dimanche 15 octobre
Femmes artistes en pratiques
Pour cette deuxième journée de festival, les chercheuses, journalistes et actrices des institutions artistiques Nathanaëlle Puaud, Camille Paulhan, Lucie Nizard, Christelle Murhula, Christelle Bakima Poundza et Angèle Ferrère, rejoignent les autrices Alexandra Cismondi, Virginie Bégaudeau, Chloé Saffy, Anne Vassivière et la photographe de Hold-up 21 Abigaïl Auperin, ainsi que l’artiste Anne Commet, pour échanger au sujet des conditions concrètes de création des femmes artistes.
Par ponctuations, les musiciens Caloé et Clément Simon font entrer le jazz dans la discussion.
1ère rencontre
Séparer la femme de l’artiste ? Les femmes artistes et le regard social
«Titre pressenti : Mère régisseuse des œuvres», par Nathanaëlle Puaud
A travers un texte où se mêlent son expérience professionnelle à un poste où les femmes sont minoritaires, celui de la régie des œuvres d’art, son travail d’écriture et son expérience de mère, Nathanaëlle Puaud ouvre avec panache cette journée consacrée aux pratiques.
Nathanaëlle Puaud est responsable des expositions et des résidences à La Galerie, centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec et coprésidente d’Arts en résidence, réseau national. Elle utilise le texte, le dessin et la sculpture pour décliner des formes au croisement des règnes animal, végétal, minéral. Elle étudie la jachère, les composts et les noyaux cellulaires. Son texte écrit pour l’invitation sera irrigué de ces différentes activités.
« Quelques réflexions éparses sur le milieu de carrière des femmes artistes », par Camille Paulhan
Camille Paulhan nous communique son intérêt pour le « milieu de carrière », cette traversée du désert pour de nombreuses femmes artistes piégées entre l’euphorie de l’« émergence » et l’attente de la « confirmation ». Chemin faisant, elle nous parle aussi du deux poids, deux mesures des critères de validation, de la précarisation consécutive aux maternités et de photogénie générale.
Nathanaëlle Puaud vient compléter ce constat par la présentation d’un outil-ressource pour les structures désireuses d’accueillir des femmes artistes en milieu de carrière : la fiche du réseau Arts en résidence « Pour une meilleure prise en compte de la vie familiale des résident·es » réalisée en collaboration avec l’association [Re]production.
Références utiles
Camille Paulhan, « Après l’émergence. Artistes femmes et milieux de carrière, une équation à plusieurs inconnues », Vivantes ! Réflexions (critiques) sur la représentation des femmes dans l’art et son histoire, Bordeaux/Nîmes, FRAC Nouvelle Aquitaine MÉCA/Actes Sud, 2022
Guillaume Fournier, « Le vieillissement artistique : un amplificateur des inégalités de genre dans le milieu de l’art contemporain français ? », Revue de l’Institut de Sociologie [En ligne], 89 | 2019, mis en ligne le 31 décembre 2021, consulté le 31 octobre 2023 : Lien
Mathilde Provansal, « Carrières des plasticiennes sous contrainte des normes de genre des intermédiaires », in Sylvie Octobre et Frédérique Patureau (dir.), Normes de genre dans les institutions culturelles, ministère de la Culture et de la Communication, DEPS, Les Presses de Sciences Po, Paris, 2018, pp. 61-74
Séverine Marguin, « Les temporalités de la réussite : le moment charnière des quarante ans chez les artistes d’art contemporain », SociologieS [En ligne], Dossiers, mis en ligne le 19 novembre 2013, consulté le 31 octobre 2023 : Lien ; DOI
Camille Paulhan est historienne de l’art, critique d’art et enseignante à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon. Elle a écrit et écrit sur les artistes âgées, les livres d’or d’expositions, la scène artistique castelroussine, les champignons hallucinogènes, l’irreproductibilité des œuvres d’art, les ateliers d’artistes, l’ostension de la couronne d’épines de Notre-Dame de Paris, le milieu de carrière chez les femmes artistes, entre autres.
« Si jamais on te pose la question, ne dis pas que tu as des enfants », Table-ronde avec Alexandra Cismondi et Anne Commet
Alexandra Cismondi et Anne Commet reviennent avec sincérité et vigueur sur leur quotidien de femmes artistes.
Touche à tout formée aux lettres, autrice, metteuse en scène et comédienne hétéroclite, Alexandra Cismondi aborde des textes toujours engagés, féminins, sur l’empreinte, la trace de ce(ux) qui nous marque(nt) et a pour obsession le travail avec les publics. Elle dirige la compagnie VERTIGES dont la seconde création Il faudra que tu m’aimes le jour où j’aimerai pour la première fois sans toi, une fable sociale fantasque sur l’adolescence et le monde de demain, lauréat ARTCENA 2022, qu’elle a écrit et met en scène, sera programmée en 2024 au Théâtre Paris Villette.
Pour Hold-up 21, elle a écrit la nouvelle « l’Assistante » et met en scène la nouvelle « Mujeres Arañas » de Nicole Mersey Ortega.
Anne Commet est une artiste plasticienne dont le travail s’établit autour de l’expérience du paysage soulignant le lien entre un cheminement dans l’espace, le temps et nos plus profondes sensations. A travers ses recherches esthétiques et techniques en peinture, photographie et vidéo, elle témoigne d’un temps passé et de ce qui persiste dans notre mémoire par la trace. Anne Commet développe des projets en résidence notamment au 100 ecs, au Manoir de Mouthier Haute-Pierre avec la DRAC Franche-Comté et depuis 2020 à POUSH. Son travail a été présenté dans des galeries ou centres d’art en France et à l’étranger (Allemagne, Serbie, Chine, Japon). Son travail fait partie de la collection de la Fondation LAccolade – Institut de France et a été sélectionné pour le programme « 1 immeuble, 1 œuvre ».
2e rencontre
S’écrire comme sujet désirant
« Cris du corps couleur colère : Marc de Montifaud, Colette, Odette Dulac », par Lucie Nizard
Lucie Nizard ouvre la parole en traversant les textes érotiques de trois autrices du second XIXe siècle qui détournent les stéréotypes – qu’elle reconnaît comme de joyeuses arrière-grands-mères des autrices de Hold-up 21.
Références utiles
Corpus primaire
Marc de Montifaud, Madame Ducroisy, Paris, Sagnier, 1879 [Disponible gratuitement en ligne sur Gallica : Lien
—, Les Dévoyés, Paris, Collombou et Brulé, 1879. [Disponible gratuitement en ligne sur Gallica : Odette Dulac, Le Droit au plaisir, Paris : Lien
Colette, Œuvres, dir. Claude Pichois, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », t. I, 1984, t. II, 1986. – La Retraite sentimentale, t. I [1900]. Louis Theuveny Éditeur, 1908.
Corpus secondaire
Claudine Brécourt-Villars, Écrire d’amour. Anthologie de textes érotiques féminins (1799-1984), Paris, Ramsay, 1985.
Iris Brey, Le Regard féminin. Une révolution à l’écran, Paris, Éditions de l’Olivier, 2020.
Azélie Fayolle, Des femmes et du style. Pour un feminist gaze, Paris, Divergences, 2023.
Lucie Nizard, « Représentations obliques du désir sexuel féminin dans le roman du second XIXe siècle ou les paravents transparents », Revue Littera Incognita, n°10, été 2019, 20 pages.
Disponible en ligne.
—, « Petites lectrices, petites masturbatrices. Éloigner les petites filles modèles des livres qui ne se lisent que d’une main », Cahiers Fablijes, n°1, Il faudrait donc qu’elles lisent beaucoup ? Enjeux pédagogiques de la littérature des filles au xixe siècle, dir. Amélie Calderone et Marion Mas, juin 2023, 11 pages.
Disponible en ligne.
Laura Mulvey, Au-delà du Plaisir visuel. Féminisme, énigmes, cinéphilie, Paris, Éditions Mimésis, 2017.
Bibia Pavard, Florence Rochefort, Michelle Zancarini-Fournel, Ne nous libérez pas, on s’en charge. Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours, Paris, Éditions La Découverte, 2020.
Ancienne élève de l’ENS de Lyon et agrégée de Lettres modernes, Lucie Nizard a soutenu en novembre 2021 une thèse de littérature française consacrée à la poétique du désir sexuel féminin dans le roman de mœurs français du second XIXe siècle, à l’université Paris 3-Sorbonne Nouvelle, sous la direction d’Éléonore Reverzy. Elle travaille sur la sexualité et le corps féminin dans une perspective sociocritique et d’études de genre. Elle s’est intéressée à la notion de consentement et de violences sexuelles dans divers articles, ainsi qu’à l’imaginaire de la sexualité féminine du second XIXe siècle, et en particulier à Flaubert, Huysmans et Zola. Elle est actuellement ATER à l’IUT Rives de Seine de l’Université Paris Cité, où elle enseigne l’expression-communication. Grâce à l’obtention du prix des Presses de la Sorbonne Nouvelle (PSN), elle prépare la publication de sa thèse chez cet éditeur.
« Des marges de la révolution romantique », par Christelle Murhula
Et si, pour certaines femmes, l’amour romantique représentait un horizon d’émancipation ? Christelle Murhula soulève la question des stéréotypes érotiques attachés aux femmes issues des minorités et plus particulièrement aux femmes noires, et de l’enjeu pour ces femmes d’une « révolution romantique ».
Références utiles
La page de Dr. Moya Bailey, qui a forgé le terme de misogynoir dans son essai de 2010, « They aren’t talking about me » : Lien
bell hooks, Ne suis-je pas une femme ?, éditions Cambourakis, 2017
Christelle Murhula, Amours silenciées, repenser la révolution romantique depuis les marges, Ed. Daronnes, 2022.
Elisa Rojas, Mister T & moi, éditions Marabout, 2020
Christelle Murhula a été journaliste pour Vanity Fair et Arte, et collabore désormais avec M le Magazine du Monde, Mediapart, ou encore Entre Autres. Elle décortique les évolutions sociétales dans la culture. Elle est également l’autrice de Amours silenciées, repenser la révolution romantique depuis les marges, paru en novembre 2022 (éditions Daronnes), et co-autrice de Moi Aussi – Au délà du hashtag, paru en octobre 2022 (JC Lattès).
« Elles ont commencé à me regarder comme un animal un peu exotique », Table-ronde avec Virginie Bégaudeau, Chloé Saffy et Anne Vassivière
Que signifie écrire de la littérature érotique pour une femme ? Virginie Bégaudeau, Chloé Saffy et Anne Vassivière répondent aux questions du public.
Chloé Saffy est autrice, elle vit et travaille dans la région toulousaine. Après le remarqué À fleur de chair (2021), La Règle de trois, son deuxième roman pour La Musardine, est paru au début de l’été 2023. Elle est également l’auteur de Subspace, un essai littéraire et autofictionnel consacré au Maître des Illusions de Donna Tartt (Le Feu Sacré, 2020). Auteur de scripts audio-érotique, elle a collaboré avec les plateformes de podcasts Femtasy et Le Son du Désir. Elle a écrit la nouvelle « Bonnes références exigées » dans Hold-up 21.
Anne Vassivière est romancière et novelliste. Elle a publié Parties Communes, étonnant roman choral sur les relations amoureuses, et 122, rue du chemin vert, opus original pour découvrir la littérature érotique (La Musardine). Ses ouvrages explorent le désir et sont des hymnes à la tolérance. Elle aime à penser qu’écrire l’intime c’est rencontrer l’autre et se rencontrer soi-même. Anne contribue régulièrement à des recueils de nouvelles. Elle est membre du jury du Prix des Savoirs. Elle a écrit la nouvelle « La perle rare » dans Hold-up 21.
Ponctuation en jazz avec Caloé (voix) et Clément Simon (piano)
Virginie Bégaudeau est une trentenaire pétillante, romancière et éditrice passionnée de grandes histoires et de belles émotions. Sa plongée dans l’érotisme a bousculé sa vie. Elle a écrit la nouvelle « Un été perpétuel » dans Hold-up 21.
Caloé est musicienne et compositrice. Elle étudie d’abord le chant lyrique (à l’École Normale) ainsi que le violon jazz, avec Pierre Blanchard. Peu à peu, elle apprivoise son art et se forge un style, au fil des expériences et des rencontres, comme avec les musiciens du Hot Sugar Band, groupe de swing à danser avec lequel elle part sur les routes de France et d’Europe, lâchant définitivement le violon pour se consacrer pleinement à son nouvel instrument : la voix. Elle fait de l’improvisation vocale un terrain de jeu et l’un de ses atouts, que ce soit dans l’interprétation des mélodies qu’elle revisite ou en recourant au « scat », qu’elle a longuement travaillé pour le maîtriser à sa manière. Elle est invitée sur les scènes françaises et internationales (Istanbul, Stockholm, Oslo, Lettonie, Monténégro…), où elle a eu l’occasion de côtoyer de très grands noms, comme le batteur Dave Weckl. Son premier disque, Saisons, paraît en 2020. Lien
Clément Simon est musicien. Après un DEM de Jazz à Agen, il effectue un cursus de deux ans au Centre des Musiques Didier Lockwood de Melun, d’où il sort diplômé avec mention Très Bien. Il termine ses études musicales par des cours d’écriture classique et d’orchestration au Conservatoire du 11ème arrondissement de Paris. Pianiste reconnu de la scène jazz parisienne, il s’est produit avec Didier Lockwood, Saul Rubin, Brenna Whitaker, Thornetta Davis, Marie-Claude Pietragalla, Franck Wolf et bien d’autres, ainsi qu’avec ses propres formations dont le Bewitched Trio au piano, le quintette Man On The Moon dont l’album est paru en 2018 chez
Jazz Family, le trio électrique Baby Vortex aux claviers, ainsi que l’Orchid Big Band qu’il a co-fondé au sein du label Déluge et dont le premier album Eclosion est paru en 2023. Lien
Caloé est modèle dans Hold-up 21. Non sans humour, elle pose dans la photographie d’Abigaïl Auperin qui ouvre « Le marché aux putains a retrouvé son lustre d’antan », la nouvelle écrite par aXelle de Sade. Lien
3e rencontre
Femmes modèles, femmes photographes
« Il faudrait aussi que tu oublies que ton corps est le tien… », par Christelle Bakima Poundza
Christelle Bakima Poundza lit et commente un extrait de son essai Corps noirs, réflexions sur le mannequinat, la mode et les femmes noires, sur la dissonance entre représentation de soi et représentation pour autrui dans le mannequinat.
Références utiles
Christelle Bakima Poundza Corps noirs – Réflexion sur le mannequinat, la mode et les femmes noires (Les Insolentes, 2023)
Maboula Soumahoro, le Triangle et l’Hexagone : Réflexions sur une identité noire (La Découverte, 2020)
Christelle Bakima Poundza est autrice, critique, podcasteuse et réalisatrice de 27 ans qui vit et travaille à Paris. Passionnée par les industries créatives, elle partage à travers différents médiums ; écriture, vidéo, podcast, événement ; son regard sur le monde avec authenticité et sincérité en mettant en perspective les questions raciales, sociales et de genre. Elle est à l’initiative de l’événement « La Nakamurance » le premier événement critique et culturel dédié à Aya Nakamura. Diplômée d’une école de de commerce et de l’Institut Français de la Mode, Christelle Bakima Poundza est aussi un profil touche à tout. Elle est responsable communication dans le web3/tech et intervient à l’IFM au sujet de l’impact des grandes transformations numériques sur l’industrie de la mode et du luxe.
« Aperçus photographiques de la revue Des femmes en mouvement », par Angèle Ferrere
L’une des caractéristiques de la revue féministe Des femmes en mouvement d’Antoinette Fouque, est d’être abondamment illustrée par des photographies. Peut-on qualifier ces images de féministes ? Et si oui, est-ce par leur production, leurs sujets, le discours qui les accompagne ou leur esthétique ? Angèle Ferrere esquisses quelques réponses à ces interrogations.
Références utiles
Angele Ferrere et Véra Léon, « Un féminisme visuel ? Photographie et mouvements féministes (1978-1982). Le cas de la revue Des femmes en mouvements », Transbordeur. Photographie, histoire, société, 7, 2023, pp. 174-187
Résumé ici
Angèle Ferrere est docteure en histoire et esthétique de la photographie, elle enseigne à l’Université de Lorraine. Après une thèse sur une esthétique de la photographie de chantier, elle est lauréate de la Bourse Louis Roederer (2021) puis d’une bourse postdoctorale de l’Université Paris 8 pour une recherche portant sur les espaces urbains et périurbains dans l’objectif des femmes photographes en France dans les années 1970-1995. Ses travaux les plus récents portent sur les photographies parues dans les revues féministes françaises de cette même période. Elle publie Du chantier dans l’art contemporain (2016) et plusieurs chapitres d’ouvrages ou articles, notamment dans les revues Marges et Transbordeur.
« La perfection technique devient une sorte de matière aussi », Table-ronde avec Abigaïl Auperin
Abigaïl Auperin rejoint Angèle Ferrere et Christelle Bakima-Poundza pour la discussion de clôture.
Abigaïl Auperin est photographe. Elle se forme aux techniques de l’image numérique, d’abord seule, en autodidacte, puis comme assistante de jeunes artistes à Paris et à l’ENSBA de Lyon. Elle collabore notamment à l’installation lauréate du prix Linossier 2015. Elle suit en parallèle les cours de l’Ecole du Louvre comme auditrice libre. Dès ses premières photographies en 2016, elle pétrifie des figures tirées du cinéma, de la littérature, de la publicité ou de l’histoire de l’art dans des compositions spectrales.
En 2021, les Editions Anne Carrière lui proposent de répondre plastiquement à l’imaginaire érotique de vingt autrices venues du théâtre, du journalisme et de la littérature.
Hold-up 21 est sa première exposition.
Conclusion en jazz avec Caloé (voix) et Clément Simon (piano)
C’est avec un morceau d’Abbey Lincoln, chanteuse de jazz et militante pour les droits civiques, puis les compositions de Caloé, que se referme ce premier volume du festival On braque le canon !
Art et littérature remodelés par les désirs féministes
Un festival programmé et coordonné par Aïna Rahery
Dans Hold-up 21, nous parlons de désir sans doctrine ni consensus. Les discordances, ou même les discordes, sont moins puissantes que la soif de nous comprendre. Dans de tels enchevêtrements de voix, Griselda Pollock discerne la forme subversive du « polylogue 1», qui joue avec la parole canonique et la déstabilise. Pour elle aussi, le désir est la question la plus urgente, car elle contient toutes les possibilités de transformation du monde. Elle pense en effet que le « désir féministe » – qu’elle définit comme la réorientation de l’inconscient vers des valeurs maternelles – son ouverture aux héritages négligés et aux points de vue dépréciés, permet de retravailler les représentations littéraires et artistiques jusqu’à les rendre réelles. Que nous la connaissions ou non, nos fictions témoignent d’une semblable conception du désir.
Cent photographies, dans lesquelles nous interprétons chacune notre personnage principal, cousent ensemble nos récits. Pour l’objectif d’Abigaïl Auperin, d’autrices nous sommes devenues modèles et même mannequins, à la fois héroïnes et poupées, magnifiées et désincarnées. Elle nous a revêtues de perruques et de polyester pour projeter nos récits dans le seul monde désirable à ses yeux, où l’artifice est si puissant qu’il protège de la mort. Ne conservant que les archétypes de nos narrations, elle préserve ainsi nos images des interprétations et des jugements, y compris les siens. Libre aux regardeuses et regardeurs de projeter dans ses photographies leurs histoires de révolte, de consentement, de compromission, de plaisir, de ruse et de violence.
« la sincérité de l’érotisme précipite la sincérité de la pensée »
Sandra Moussempès, Fréquence Mulholland, 2023
Prendre au sérieux ce désir dont nous parlons, c’est lui permettre de se déployer, de s’enrichir. C’est pourquoi, à l’occasion de l’exposition de photographies de Hold-up 21 à la galerie SEE Marais, nous invitons des chercheuses et chercheurs, artistes, critiques d’art, commissaires d’exposition à caractériser avec nous ce « désir féministe ». En quoi et par quels moyens peut-il transformer les représentations artistiques et littéraires ? Nous espérons ainsi ajouter encore aux voix discordantes, et plus encore au désir de s’entendre. Puisque, comme l’écrit Sandra Moussempès2, « la sincérité de l’érotisme précipite la sincérité de la pensée ».
L’intitulé de ce festival est un clin d’œil à une intervention de Linda Nochlin en 1990, Firing the Canon, au cours de laquelle elle invitait à se débarrasser du canon de l’histoire de l’art3. Aussi encourageons-nous la liberté dans la forme des interventions – arpentage d’un extrait de livre, de film ou de son, lecture-conférence, témoignage d’une expérience sensible ou de pensée. Tout est possible et désirable s’il permet, aussi, de braquer le canon de l’oralité académique, ou du moins de le mettre en mouvement.
Aïna Rahery, curatrice de l’exposition Hold-up 21 par Abigaïl Auperin, programmatrice du festival On braque le canon !
NOTES
1. Pollock, G. (2007). Des canons et des guerres culturelles. Cahiers du Genre, 43. P.50.
2. Dans son très beau Fréquence Mulholland (éditions MF, 2023).
3. Nochlin,L.,Lafont,A.,&Porterfield,T.(2015).EntretienavecLindaNochlin.Perspective. Actualité en histoire de l’art, (1), 63-76. Contre toute attente, il semble que le verbe « braquer » (mettre en joue, irriter, faire tourner) puisse traduire efficacement le verbe « to fire » qui signifie à la fois « licencier » et « mettre le feu à ».